Réduire la pénibilité au travail

Nombreuses c ontraintes pos­­tu­rales et ar­ticu­laires ré­pétitives et prolongées durant les travaux de taille, de plantation et d’arrachage des végétaux, de désherbage, d’effeuillage, de perçage des plastiques de culture ou de préparation des sols, déplacement d’objets volumineux... Les métiers d’horticulteur ou de pépiniériste ont leur lot de tâches­ ingrates et pénibles. Avec les maraîchers, ils figurent parmi ceux les plus concernés par les troubles musculo-squelettiques (TMS), du fait d’une position accroupie, agenouillée ou penchée en avant fréquente, une station debout prolongée et/ou une marche sur un sol inégal, boueux, sableux...

L’automatisation et le recours aux robots, cobots ou exosquelettes permet de soulager les articulations et les muscles, et de se décharger d’une partie des tâches ingrates du métier. « Les antennes MSA (Mutualité sociale agricole) régionales donnent des subventions pour ces machines, mais les producteurs ne le savent pas », regrette Damien Vinet, directeur commercial d’Holimco.

Des exosquelettes pour soulager les douleurs

Le Scradh, la station d’expérimentation Astredhor Méditerranée, a fait l’acquisition il y a trois ans d’un exosquelette (modèle IP14) afin de tester sa pertinence en production horticole, notamment en fleurs cou­pées et en pépinière. La société Gobio propose plusieurs modèles de ces équipements, pensés au départ pour l’industrie automobile :

- IP11, un exosquelette appui-tête pour les travaux bras en hauteur ;

- IP12, un exosquelette de manutention et d’assistance pour les travaux bras en hauteur ;

- IP13, un exosquelette pour le soulagement des douleurs lombaires ;

- IP14, une chaise exosquelette pour alternance de posture assis-debout. « On a testé ce dernier modèle parce qu’on est courbé pour une grande partie des activités en horticulture, précise Laurent Ronco, directeur du Scradh. Pour certaines tâches répétitives, comme l’emballage ou le désherbage dans des bacs, c’est un atout considérable. Mais il n’est pas adapté à toutes les tâches et il y a quelques freins. » Notamment, la réticence d’une partie du personnel à l’utiliser, et surtout le prix. La station d’expérimentation l’avait acheté 5 000 euros. Difficile à rentabiliser pour les entreprises de petite taille.

Les robots collaboratifs

Une alternative : les robots collaboratifs ou cobots, à l’image de Toutilo. Cet autoporteur électrique français a été pensé spécialement pour di­minuer la pénibilité en maraîchage, en horticulture, en pépinière et en plantes aromatiques. Polyvalent, utilisable sous serre ou en plein champ, il combine un porte-personne et un porte-outils. L’utilisateur qui désherbe, récolte ou plante est allongé sur le véhicule, qui se déplace à une vitesse entre 50 m/h et 2 km/h. Pour un prix approchant les 22 000 euros, la société Touti Terre estime le retour sur investissement à moins de trois ans grâce à une productivité accrue.

Des robots dédiés à une seule tâche

Il existe également pléthore de robots réalisant une tâche spécifique : désherbage, taille, transport, rempotage, emballage, étiquetage (lire pages suivantes). La station expérimentale Bretagne Sud, par exemple, mène depuis 2015 un essai financé par FranceAgriMer nommé « Vers une réduction de la pénibilité et du temps de travail dans le maraîchage bio » avec le robot agricole Oz, de la société Naïo Technologies. Dans son compte rendu d’essai en mars 2016, Maët Le Lan, responsable de la station, concluait : « Nous pouvons dire que le temps de prise en main de ce robot est notable et qu’une sai­son­ semble nécessaire pour se l’approprier. Par ailleurs, il est in­dispen­sable de s’adapter au robot et de penser les itinéraires techniques pour la machine, avant même le semis ou la plantation. » Depuis, des améliorations ont été apportées par le constructeur.